Regulus laissa échapper un soupire à mi-chemin entre l’exaspération et l'angoisse. Il était assis sur son lit, dans sa chambre à Londres et revenait tout juste du chemin de Traverse. C'était devenu un rituel depuis qu'il était à Poudlard, il survolait ses livres de cours aussitôt qu'il les avait. Avant même que la rentrée ne vienne, il savait déjà quels chapitres risquaient de lui poser plus de problèmes que d'autres, il pouvait anticiper.

Il tendit l'oreille vers le couloir ou les voix de ses parents arrivaient jusqu'à lui par écho. C'était précisément à cause d'eux qu'il agissait ainsi. Ils lui avaient toujours mis la pression dans le cadre des études mais depuis l'été dernier la pression avait été décuplé par le départ de son frère aîné. Sirius avait fui la maison, il était parti, il avait été renié. Le cadet se retrouvait alors le seul à rétablir l'honneur de la famille. Ça signifiait bien des choses et en premier lieu ça signifiait plus que jamais qu'il devait exceller en cours.

Ses yeux se posèrent sur la canne appuyée contre le mur, à coté de la porte, malgré lui il se sentit frissonner. La dernière fois que cet engin de torture avait été en contact avec lui, c'était pour un Acceptable en cours d'histoire de la magie. Le fait que le prof soit particulièrement ennuyeux ne constituait pas aux yeux de ses parents une excuse valable à cette note médiocre. Cette note ajoutée à un Effort Exceptionnel en métamorphose lui avait valu une crise de rage de son père. Dans cette correction il y avait fait également passer toute la frustration d'avoir vu son fils aîné trahir la famille, l’aîné, le plus fort, le plus puissant, son préféré jusqu'à ce qu'il se mette à se rebeller. Alors il ne lui restait plus que ça, le cadet, un peu moins fort, un peu moins talentueux, un peu moins tout ce qu'on veut.

Regulus se crispa à ce souvenir et se replongea dans le livre ouvert sur ses genoux, son livre de potions. C'était le problème principal du moment. Le programme annoncé pour les BUSEs promettait d'être particulièrement difficile, la moitié des potions, il voyait bien qu'il n'arriverait jamais à les réussir du premier coup. Or, en cours, une potion échouée égalait une mauvaise note. Un écho de la douleur des corrections lui parcouru le dos et il se mordilla la lèvre. La solution était bien simple en théorie : il devait s’entraîner. Seulement, s’entraîner seul à une potion inconnue et potentiellement dangereuse relevait de l'inconscience, il lui fallait quelqu'un de doué pour l'aider. Il y avait quelqu'un. Mais c'était là toute la complication.

Car ce quelqu'un, en plus d'entre un sang mêlé, était celui qu'il aimait en secret depuis longtemps.

C'était aussi celui qu'il se devait d'insulter depuis son entrée à Poudlard pour ne pas décevoir sa famille.

Je jeune homme referma d'un coup sec son livre et lança un regard vers la porte. Un léger sourire apparaissant, il venait d'avoir une idée. C'était parfait au final ! Ses difficultés en potions constituaient un prétexte absolument parfait. Il avait enfin une excuse pour se rapprocher de Severus, pour pouvoir lui parler de façon civilisés. Ses parents ne pourraient pas reprocher l'impureté de son sang, les résultats le prouvaient, il était l’élève le plus talentueux en potions de leur génération. Regulus allait enfin pouvoir se lier avec le Prince de Sang Mêlé sans que ses parents ne puissent lui reprocher quoi que ce soit. C'était impeccable.

Il descendit en silence dans l'entrée et entendit des éclats de voix provenir du salon. Il s'agissait d'une dispute à propos du mariage arrangé de Lucius et Narcissa, il sourit en entendant sa mère lancer «mais moi non plus je ne voulais pas de toi, seulement moi je fais avec !» à son père. Il admirait beaucoup le caractère de sa mère quand elle remettait son époux en place. C'était toujours pour leurs fils une certaine satisfaction mesquine. Grâce à cela, il put sortir de la maison des Blacks sans être entendu par ses géniteurs.

Fort heureusement, il vivait à Londres et Severus vivait dans la banlieue de la ville, à portée de métro. En se lançant dans les souterrains menant à la ligne de métro la plus proche, il se dit qu'il avait définitivement hâte de pouvoir transplaner. Se mélanger aux moldu, pour un Black, quelle honte. Heureusement il avait pensé à mettre des vêtements moldu tout en restant convenable. En noir naturellement. Après une bonne demi-heure de métro, il retourna enfin à l'air libre pour déboucher dans une rue quelque peu sordide. Si loin des quartiers résidentiels bordants le Square Grimmaurd.

Enfin, il arriva à une maison, petite maison parmi d'autres, où le nom « Snape » figurait sur le heurtoir, en dessous, le mot « Prince » était écrit aussi mais avait été barré. D'une main assurée, opposée à l'angoisse qui le tiraillait, Regulus frappa à la porte. Ce fut une femme qui vins lui ouvrir. En un coup d’œil l’héritier des Blacks en apprit plus sur Severus qu'il n'en avait jamais su en cinq ans à Poudlard. Eileen Snape avait sur le visage ce qui était indiscutablement un vestige d'un hématome, et elle n'avait pas du se faire ça en se cognant à une porte. Une vague odeur de vieux tabac et des relents d'alcools provenaient de l’intérieur.

-Que voulez-vous ? Demanda sèchement la mère de Severus.

-Mme Prince ? Bonjour. Je suis un ami se cours de Severus, puis-je le voir ?

Il comprit qu'il avait dors-et déjà marquer un point en l’appelant par son nom de jeune fille. Il avait visé juste, le patriarche ne semblait pas très apprécié. Eileen l'invita à entrer et se rendis aux pieds d'un escalier.

-Seeeeev' ? Un ami à toi est venu te voir !

Regulus patienta en analysant les lieux, une porte ouverte donnait sur un salon ou un homme semblait endormis. Ou plutôt, selon l'odeur, en train de cuver. Charmante ambiance de famille. Nerveux, il entendit les pas de Celui qui faisait battre son cœur dans l'escalier. Il se tourna vers lui.

-Salut Severus. Dit il, un peu tendu.

Bien que Eileen Snape ait semblé aussi froide et sévère que pouvait l’être Walburga Black au premier abord, Regulus d’aperçu très vite que le rapport entre Severus et sa mère était bien plus affectueux qu'entre lui et sa propre mère. Tout d'abord, jamais sa mère à lui ne l'aurait appelé « Reg' », quant à lui, jamais il ne se serait permis de l’appeler maman.

Ce qui le frappa le plus, c'était la voix de Severus. Quand il l'entendit répondre qu'il arrivait, il ne put que remarquer à quel point sa façon de parler était différente de ce qu'il connaissait de lui à Poudlard. À l'école, il était constamment sur ses gardes, très froid, très refermé, la voix très sèche, limite agressive en toute circonstance. Là, il semblait exceptionnellement détendu. Quoi qu'il en soit, au simple fait de l'entendre, Regulus sentit son cœur s’emballer brusquement. Super, le voilà qui rougissait comme une midinette à présent ! Il s'empressa de se reprendre, il entendait ses pas dans les escaliers.

Après son cœur, ce fut à son imagination de s’emballer. Il n'avait en réalité pas vraiment penser encore à l'accueil qu'il recevrait. Après tout, à Poudlard, ils n'étaient pas spécialement proche. Lui n'était que le petit frère arrogant de ce salaud de Sirius Black, toujours prompt à martyriser Severus. Quant à lui, il ne valait pas mieux, perdant rarement une occasion de revenir sur l'impureté de son sang, des petites remarques mesquines sur ses origines moldues. Bref, tout ce qu'il avait pu trouver pour ne pas laisser son attitude trahir son cœur.

Scénario un : Severus arrive, il voit Regulus... Et le fout dehors dans l'instant, non sans l'avoir allègrement insulter, laissant le Black à la porte et complètement déprimé, avant même d'avoir pu lui demander de l'aide tant importante.

Scénario deux : Severus le vois et commence à expliquer à ses parents en détail toutes les crasses que les frères Blacks lui font subir au quotidien. Son père moldu interviens et tabasse Reg dans les règles de l'art, suivit de Eileen qui lui donne en prime une bonne leçon pour s'en être pris à son fils. Il rentre alors chez lui comme une vielle crotte, devant expliquer à ses parents qu'il s'est fait massacrer par un moldu et une traître à son sang. Il n'osera alors plus jamais approcher Severus.

Scénario trois : Severus le vois, ouvre des yeux surpris et s'exclame « Reg ! Ça alors quelle bonne surprise ! » L’étreint tendrement, heureux de voir un de ses camarades sorciers. Reg lui explique alors le pourquoi de sa venue, en s'arrangeant pour rester blottit dans ses bras. Ces bras ou il se sent si bien, si proche de lui, sentant la douce chaleur de son corps contre lui. Il l’emmène alors à sa chambre ou ils bavardent dans un premier temps des potions et, alors que Reg fait tomber « par inadvertance » un livre au sol, il se penche. Severus ne peux alors pas résister à cette invitation à peine dissimulée et l'attrape soudainement pour l'embrasser torridement. Passionnément, Reg se serre contre lui et tout deux tombent sur le lit...

Euh ! Revenons à la réalité ! Regulus secoua la tête, chassant comme il pouvait la vision de ce dernier scénario qui risquait fort d'avoir un impact visible s'il n'y prenait pas garde. Severus achevait de descendre et se rendais compte qu'il ne s'agissait pas d'Evans mais bien de Regulus Black. Le plus drôle fut que le début de la situation réelle ressemblait étrangement à son troisième scénario. Naturellement, il lui demanda ce qu'il faisait là.

-Euh, je voulais te voir pour...

Merlin, c'était lui qui bafouillait ainsi ?! Il n'eut pas le temps de chercher quelque chose de plus éloquent, Severus... Salazar ! Il venait de lui attraper la main et l’emmenait dans sa chambre. Serais-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Il tacha de se dire qu'il avait sans doute du se prendre un coup de poing dans la figure et qu'il était à présent inconscient, en proie à des délires. Mais non, il se trouvait bel et bien dans la chambre de Severus Snape !

Tachant de surmonter sa stupéfaction, il posa son regard sur le jeune homme qui provoquait tant de troubles dans son cœur. Un nouveau choc le pris. Severus avait des traces indiscutables de coups. Son père semblait aussi peu tendre envers lui qu'envers son épouse ! C'était révoltant. Il remarqua aussi qu'il portait une tenue qui le mettait décidément peu en valeur, visiblement il le réalisa aussi car il s'excusa pour sa tenue avant d'annoncer qu'il allait mettre quelque chose d'un peu plus convenable.

-Fais comme tu le sens. S'entendit-il répondre, toujours un peu désorienté.

Il joua nerveusement avec une mèche de cheveux, essayant de se faire à l'idée qu'il était actuellement dans la chambre de celui qu'il aimait, alors que pourtant tout deux passaient le plus clair de leur temps à s'insulter. Oh, ou alors il lui avait lancer un sort de confusion à son arrivée et il était actuellement sur le trottoir en train d'halluciner en ayant l'impression d'être dans la chambre de Severus.

Il se gifla mentalement, pour une illusion, tout ceci semblait décidément bien réel. Un sort de confusion, il en avait déjà subit les effets et ça ne ressemblait pas à ça ! C'était réel. Il était vraiment là... Il parvins enfin à se reprendre, se rappelant enfin le but de sa visite.

-Je venais te voir parce que j'ai grand besoin de ton aide à vrai dire. Il n'y à que toi qui pourrais m'aider. Rien à voir, mais pourquoi ne soignes-tu pas ces blessures ?