IL ÉTAIT UNE FOIS...

Je suis née un 5 mai 1960, à Wiltshire, dans le manoir familial. Evidemment, je ne me souviens pas de celle-ci, et malgré tout ce qu'on a pu me dire au sujet de ma naissance, que j'étais un beau bébé et ce qui va avec, je ne peux m'empêcher d'avoir des doutes. Un bébé par définition ne peut pas être beau à la naissance, tout fripé, encore plein d'une substance visqueuse qui pourrait rebuter n'importe qui. Non, sincèrement je ne voyais pas comment c'était possible d'être un beau bébé dans ces conditions. Pourtant, mes parents m'ont souvent dit que j'en étais un. Comme on dit, l'amour rend aveugle. Ce qui pourrait d'ailleurs expliquer comment le couple de mes parents a pu se former. Evangeline Standford et Maxime Hopkins étaient sans doute le couple le plus heureux sur terre. Ils s'étaient rencontrés à Poudlard. Avec deux ans d'écart, ils commencèrent à sortir ensemble lorsque mon père entrait en septième année: lui à Poufsouffle et elle à Serpentard. Ils formaient un beau couple, bien que la plupart des gens furent surpris de les voir ensemble. Car bien que tout deux des sang-purs, leurs caractères semblaient s'opposer en tout point. Il était sympathique, loyal, juste, tandis qu'elle était cynique, persécutait les gens, et totalement asociale, même avec ceux de sa propre maison. Mon père me racontait parfois comme elle pouvait martyriser des élèves de septième année. Elle se faisait respecter par la peur, et il me disait que ses répliques étaient connues dans tout le château. Son insolence désespérait les professeurs, qui avaient chargés Papa de la calmer. Pourquoi lui, personne ne sait, mais en tout cas, il y parvint, lui apprenant le calme et la tolérance, au grand soulagement de beaucoup de gens. Aujourd'hui encore, certains professeurs disent que je leur rappelle ma mère, avec un sourire nostalgique et indulgent, lorsqu'ils m'ont en retenu.

J'ai été élevée entre les traditions sorcières les plus strictes, mais aussi les plus libres. On m'a toujours dit que j'étais une sorcière, que je n'étais donc pas n'importe qui parmi les êtres humains. Mais que malgré cette différence, ça ne faisait pas de moi quelqu'un de supérieur. Bon, peut-être un peu, mais je me devait tout de même de respecter les autres. Je crois que cette notion de respect m'est un peu passée par dessus la tête, mais en tout cas, je n'ai jamais éprouvé la moindre haine envers des moldus, ou des sorciers né-moldus. Comme ma mère me disait, pour devenir quelqu'un de grand, nul besoin d'écraser les autres. Ils le feront tout seul. Elle m'a transmis son ambition, il est vrai, mais jamais, Ô grand jamais, elle ne m'aurait poussé à la haine. Au contraire, pour elle il n'y avait rien de plus stupide que de haïr sur ce genre de critère. Faire ça serait aller à l'encontre de certains concept, d'un certain mode de vie, où la fierté faisait qu'on ne pouvait se rabaisser à avoir de telles considérations. Et pour elle, les idiots qui prétendaient que tous les Serpentard pensaient de la même façon et avaient les mêmes opinions à ce sujet étaient encore plus stupide que ceux qui les avaient. En ceci, elle était une vraie Serpentard, forte et fière, et je lui vouais une admiration sans borne alors.

Mes pouvoirs magiques se manifestèrent assez tôt, alors que j'avais quatre ans, de diverses manières. Bien sûr, mes parents étaient très fiers de moi. Tandis que moi, j'attendais avec une impatience dissimulée la lettre pour Poudlard. Je reçu ma baguette magique à l'âge de onze ans, alors que je venais juste de les avoir. Je m'étais rendu chez Ollivander avec mes parents. Le vieil homme n'eut aucun mal à trouver la baguette qui me conviendrait, m'en proposant alors deux. La première, en bois d'ébène, longue de vingt-trois centimètre et demi, avec en son cœur une plume de phénix. La seconde, en bois de peuplier contenait un ventricule de dragon, et mesurait vingt-huit centimètres. J'ignorais alors pourquoi il me présentait ces deux là plutôt qu'une autre. Mais j'essayais d'abord celle de peuplier, qui n'offrit rien de bien convaincant. Mais avec la baguette d'ébène, je sentis une chaleur m'envahir, et tout mon être se gonfler d'une sorte de courage étrange. Plus tard, j'appris que le peuplier allait à ceux possédant une grande intégrité, et l'ébène à ceux qui n'avaient pas peur de se montrer différent des autres. Je me souviens que ça m'avait fait sourire en l'apprenant.

Quelques mois plus tard, j'entrais à Poudlard, folle de joie. J'attendais ce moment avec tant d'impatience, et je savais que peu importe la maison où je serais envoyé, mes parents seraient fiers de moi. Je me souviens que le Choixpeau avait hésité quelques instants avant de m'envoyer à Serpentard, dont je rejoignait les rangs fièrement. Néanmoins, je déchantais assez rapidement: la plupart des verts et argents se montraient comme étant des idiots arrogants et stupides (bon, j'étais arrogante aussi, mais pas stupide). Sauf quelques uns, qui semblaient différent. Je ne m'étais pas rendu compte de l'extérieur d'à quel point la guerre entre Gryffondor et Serpentard était importante. Chez moi, des gens de toutes les maisons se succédaient et s'entendaient, je n'avais donc pas pu réaliser à quel point les Serpentard pouvaient être sectaire. Unis entre eux souvent, c'était vrai, mais leur façon de penser, de voir les choses ne me convenait pas. J'avais l'impression d'avoir été trompée dans ce que j'aurais dû voir. Je me souviens m'être alors posée contre eux, mais seulement dans la sécurité de la Salle Commune, car malgré tout, il fallait faire bonne figure, montrer que tout le monde allait dans le même sens dans cette maison. Tous pareils dans nos différences. Mais bien évidemment, ils ne pouvaient pas non plus m'empêcher de me lier à d'autres élèves, ce que je fis à petite échelle. Mon statut de Serpentard avait néanmoins tendance à faire fuir les Gryffondor, les nés-moldus et les sang-mêlés, qui voyait en moi leur ennemie. Ils ne valaient pas mieux que ces intolérant de Serpentard. Cela créa une certaine isolation autour de moi, à laquelle je finis par m'habituer.

Mais plus le temps passait, plus tout ça commençait à sérieusement m'agacer. D'année en année, je n'avais plus qu'une envie, c'était de leur montrer qu'un Serpentard ne se résumait pas à un ramassis d'intolérant comme pouvaient l'être ce groupe qui commençait à se former. Et qu'ils pouvaient l'être bien plus que ces idiots de Maraudeurs. Alors en ce début de sixième année, je me préparais à faire parler de moi. Mais je crois que c'était un peu compromis avec l'arrivée de ces élèves au milieu de la Grande Salle pendant le banquet de début d'année.